L'Ebre, c'est ce fleuve de près de 1000 Km qui traverse l'Espagne d'ouest en est. Il vient se jeter en un immense delta dans la Méditerranée, servant dès l'époque romaine comme voie de communication.
Bien plus tard, les Maures construisent un château sur sa rive pour en défendre l'accès. Avec eux, ils apportent entre autres l'artisanat de la céramique, qui se pratique encore aujourd'hui. Boutés dehors, c'est au tour des Templiers d'investir la place forte et d'en faire payer le péage, tandis que les plaines alentour se dédient à l'agriculture et à l'approvisionnement de ce qui est devenu un comptoir commercial international.
Sept siècles plus tard, le château est toujours là, on traverse toujours le fleuve en barge grâce au seul courant d'eau, et le vignoble est plus beau que jamais.
Vignoble qui a toute une histoire lui aussi, puisqu'ayant les pieds dans le sable, il a survécu à l'invasion du phylloxéra, cet insecte qui a radicalement décimé 99% des vignes européennes à la fin du 18ème siècle.
Ce sont donc des vignes dites “franches de pied” et elles continuent de l'être car ici, on ne replante pas : quand une vigne meurt, on prend un sarment de celle d'à côté, on la plonge dans le sol sur une cinquantaine de centimètres pour la faire ressortir un peu plus loin et hop, deux ans après, nous avons une nouvelle plante.
Nous sommes dans l'appellation Tarragone, au pieds de la Serra del Migdia, sur la parcelle de l'Hort del Motxo et ce qui se passe ici est, Mesdames et Messieurs, pour ainsi dire unique au monde.
Fort de cet héritage, Josep Maria a choisi de travailler ses vins à l'ancienne et selon les techniques de l'époque. Le vignoble est évidemment bio, même si non certifié, et les vins sont naturels, empreints du caractère propre à chaque millésime.
Les raisins sont récoltés manuellement et pressés mécaniquement, dans des plateaux d'osier. La fermentation est spontanée et la garde effectuée soit en chêne, soit en amphores de terre cuite, soit en bouteilles descendues en cave, à la main, pour les méthodes ancestrales.
Alors concrètement, on obtient des vins rouges, et des vins blancs.
Côté blancs, un jeune sans élevage, un criança, avec élevage en amphore, un vin effervescent réalisé à l'ancienne, avec une simple fermentation. Le fond de cuve est destiné à devenir un vin rance : ici, c'est comme dans le cochon, rien ne se perd !
Côté rouges, un jeune, un criança élevé en fût de chêne, et quand il ne fait plus bon presser le raisin, on garde le moût, on lui ajoute un trait d'alcool, on épice le tout, et on obtient un vermut spectaculaire.
Josep Maria, merci pour l'énergie que tu consacres à ton terroir : ton travail est une éloge à son histoire, et c'est vraiment très, très beau.